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30 décembre 2013

Soignants : se protéger de la souffrance des malades

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Les soignants sont confrontés tous les jours aux souffrances des patients et bien sûr à la mort. Ils sont aussi en contact direct avec les familles. Pas facile de se forger « une carapace ». L'expérience des plus anciens collègues et les « groupes de paroles » dans les hôpitaux peuvent les aider.

Soignants avec un malade

« Quand je suis entrée dans la chambre de cette petite dame, toute menue, un foulard noué sur son crâne sans cheveux, j'ai lu tellement de désespoir dans ses yeux : elle avait peur, peur de la maladie, peur de la mort aussi. J'ai aussitôt senti une forte émotion m'envahir, c'était la première fois que cela m'arrivait, j'ai prétexté un médicament oublié pour m'éclipser et verser discrètement quelques larmes à l'abri des regards... » Léna est aide-soignante dans un hôpital de la région parisienne, elle adore son métier, mais ce jour là, confrontée à la souffrance d'une malade, elle n'a pas tenu. « J'ai de plus en plus tendance à me mettre à leur place et ça m'angoisse terriblement », reprend Léna.

Un manque de recul qui peut conduire au burn-out

Si le métier de soignant permet de vivre des expériences humaines passionnantes et enrichissantes, on est aussi confronté au malheur, à la souffrance, et parfois à son impuissance à aider autant qu’on le voudrait.
« On ressent parfois les inquiétudes et les déprimes des patients comme si c'était les nôtres », souligne Jean, infirmier en Vendée près de la Roche sur Yon.
Parfois, quand la situation est trop lourde, ce manque de recul peut conduire au « burn out ». Il se traduit par un épuisement émotionnel, une démotivation, une baisse d’énergie au travail. Le soignant se dévalue lui-même, se jugeant incompétent et inutile pour ses patients. Pour Christophe André, psychiatre et psychothérapeute, cet effondrement n'est pas surprenant : « Souffrir avec les malades, c’est humainement normal et compréhensible. Mais si c’est trop intense, le soignant va au delà de son rôle et risque de perdre un peu de son recul nécessaire, ou surtout de ses forces et de ses capacités à rassurer et encourager... »

« Avec le recul j'ai appris à tout affronter »

Ne pas trop fusionner avec les malheurs de ceux que l’on écoute, c'est un exercice qui s'apprend peu à peu, par l’expérience, en observant les plus anciens dans le métier... Brigitte, aide-soignante depuis 32 ans, travaille dans la Somme et elle raconte : « Avec le recul j'ai appris à tout affronter, je me suis fait une carapace. Il faut être forte pour la famille du patient. Je m'efforce de rester concentrée dans toutes les situations et ne pas me laisser abattre pour être plus efficace. A tel point qu'aujourd'hui, la douleur ou la mort ne me font plus rien. Mais je conserve une véritable empathie vis à vis des malades et des familles...»

Ce travail sur soi-même passe par des prises de conscience, un déclic à un moment donné, comme pour Thérèse, aide-soignante près de Toulouse : « Au début de ma carrière, je ressentais très mal cette solitude du soignant face à son patient... Cette solitude s'est estompée quand j'ai pris conscience que, même si c'est "moi" qui soigne, c'est aussi grâce au patient que le soin apporte la guérison. Nous sommes deux à y participer. Il y a un échange, un partage... Je ne suis pas seule, c'est le patient qui prend en charge sa guérison. Moi, le soignant, je l'accompagne... »

Mais quand le déclic ne vient pas, et que la situation est trop lourde à porter, inutile d'attendre trop longtemps : certains hôpitaux mettent en place des « groupes de parole » ou des formations extérieures pour accompagner les soignants, notamment face à la mort. Mais pour Iris, jeune infirmière débutante, ces formations devraient avoir lieu beaucoup plus tôt : « je me suis retrouvée face à la souffrance des patients sans y avoir été vraiment préparée pendant mes études, il faudrait davantage y penser en amont... »

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