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25 août 2014

Le pupillomètre : un appareil pour mesurer la souffrance du patient !

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Il n'est encore utilisé qu'à une centaine d'exemplaires dans les hôpitaux français mais devrait très rapidement équiper l'ensemble des services d'anesthésie et de réanimation. Le pupillomètre est un petit instrument qui a la forme d'une caméra et qui se place sur l'oeil. En quelques secondes il mesure la dilatation de la pupille et le degré de souffrance enduré par un patient inconscient. Cette belle invention est désormais dans les mains des anesthésistes-réanimateurs au service des malades...

On sait depuis les années 90 que le diamètre de la pupille augmente avec la douleur, mais on ne savait pas quantifier les petites variations, très difficiles à déceler à l'oeil nu. Il fallait inventer un système fiable avec une caméra très précise et très rapide. C'est chose faite avec le pupillomètre, breveté à Marseille en 2010, après deux années de recherches.
« Au bloc opératoire, on est capable de tout mesurer... sauf la douleur ! », lance le docteur Christian Bauer, anesthésiste-réanimateur à l'hôpital de la Croix Rousse à Lyon, qui fut le premier à utiliser cet appareil il y a un an.


Jusqu'à cette invention, le seul moyen d'évaluer la douleur d'un patient était de lui demander d'évaluer lui-même sa douleur sur une échelle de 1 à 10. Mais le seuil de tolérance à la douleur de chacun étant très différent, la mesure était peu précise car le patient pouvait, en toute bonne foi, exagérer sous l'effet de la douleur justement !
On ne savait pas mesurer la souffrance d'une personne inconsciente, sous anesthésie, autrement qu'à l'oeil nu, au jugé, en observant les gestes et la pression artérielle et cardiaque du patient.
Voilà pourquoi l'arrivée du pupillomètre est une véritable révolution.  Il a cet avantage de mesurer la douleur du patient pendant l'intervention sous anesthésie générale.

Moins d'effets secondaires dus aux anesthésiants

Connaître le degré de souffrance du patient permet au médecin anesthésiste d'adapter les doses d'antalgiques de façon très précise à chaque patient. «Cela évite les surdosages, et c'est particulièrement important pour les personnes âgées... »commente Christian Bauer. Le pupillomètre a notamment permis de comprendre que les personnes âgées ressentaient moins la douleur qu'on ne l'avait imaginé, et qu'en allégeant les antalgiques, ils se remettaient beaucoup plus facilement de l'opération. C'est d'ailleurs vrai pour l'ensemble des patients : grâce à un meilleur dosage, la personne opérée récupère mieux à son réveil car elle n'a pas reçu de surdose. Avant le pupillomètre, les médecins préféraient administrer une quantité plus importante par précaution, de peur que le patient ressente une douleur, ou pire, commence à se réveiller en pleine opération... A l'inverse, les sous-dosages en antalgiques peuvent causer des douleurs post-opératoires durables, le corps conservant la mémoire des souffrances ressenties pendant l'opération, et retarder le bon rétablissement. Edwige, 67 ans, en est à sa troisième opération avec anesthésie générale en cancérologie dans une hôpital de la région parisienne. Elle a subi des interventions lourdes et pourtant, elle a senti une vraie différence après la dernière opération : « Les deux premières fois, j'ai très mal réagi lors de la phase de réveil, alors pour la 3ème intervention, l'anesthésiste m'a expliqué qu'il allait utiliser ce « pupillomètre » pour éviter les surdosages pendant l'opération... Franchement, cette fois, le réveil a été beaucoup plus facile, je n'ai pas souffert comme avant... » L'appareil peut aussi être très utile en réanimation ou chez des personnes plongées dans le coma. A l'hôpital de Grenoble, le professeur Payen l'utilise actuellement sur l'ancien pilote de Formule 1 Michael Schumacher, hospitalisé dans son service. Le pupillomètre permet d'ajuster la quantité d'anesthésiants pour qu'il sorte enfin du coma. « Ce n'est pas parce que le patient ne communique pas qu'il ne souffre pas... », explique encore le professeur Christian Bauer à Lyon.

Un appareil pas forcément adapté à tous les souffrants

Le pupillomètre mesure la dilatation de la pupille grâce à une caméra infrarouge. Tout se fait dans le noir. L'appareil ne doit percevoir aucune lumière car la mesure risquerait d'être faussée. Il a aussi d'autres limites. Outre la lumière, de nombreux signes extérieurs peuvent perturber la mesure. Car la pupille peut aussi se dilater, par exemple, sous l'effet du stress. Des femmes enceintes, prêtes à accoucher, ont d'ailleurs été les premières à tester le pupillomètre mais les résultats n'ont pas été concluants, précisément à cause du facteur stress. Le développement du pupillomètre passe donc par de nouvelles recherches qui permettraient de le rendre universel, utilisable pour tous, en toutes circonstances, malgré le stress. Il reste à inventer une « machine » qui serait fiable à 100 % pour tous les patients, éveillés ou inconscients.

« Son développement va être fulgurant... »

Le pupillomètre est présent dans une centaine d'hôpitaux en France. La Fondation Apicil/ Agir contre la douleur, reconnue d'utilité publique, a financé celui de l'hôpital de la Croix Rousse à Lyon pour 7500 euros. Nathalie Aulnette, la directrice de la Fondation croit beaucoup à l'avenir du pupillomètre : « C'est le début, mais son développement va être fulgurant dans les mois qui viennent... », dit-elle avec certitude.

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