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30 octobre 2015

Soignants aux urgences : comment vivent-ils leur métier au quotidien !

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A l’hôpital, le service des urgences est souvent considéré comme un service « à part ». On y prend en charge tous les patients qui se présentent, sans exception, c’est même la vocation des urgences. Certains soignants ne changeraient de service pour rien au monde et pourtant ils ont à affronter des situations de stress parfois très difficiles à gérer. Comment vivent-ils les urgences au quotidien ? Reportage en immersion dans un hôpital du sud de la France…

« On attend un petit garçon de 6 ans, Tomy, il arrive par un véhicule du SAMU, on sait qu’il s’est renversé une casserole d’eau bouillante sur le visage. Il est très agité. La maman est paniquée. Sur place, le médecin du SAMU n’a pas réussi à le perfuser pour lui injecter un calmant, il va falloir agir vite ! » explique Sylvie, infirmière depuis 11 ans aux urgences de ce grand hôpital du sud de la France.

Quand le jeune Tomy arrive en salle de « déchoc », le petit garçon aux cheveux blonds hurle de douleur. La peau de son visage est très rouge. Des cloques ont fait leur apparition. Des petites gouttelettes d’eau perlent le long de son front. Toute l’équipe du déchoc est mobilisée. « L’urgence, c’est de le perfuser pour, ensuite, lui administrer des calmants, explique Sylvie, et très vite on va lui faire un pansement… » Dans la salle de déchoc, chacun sait exactement ce qu’il a à faire. Pas besoin de se parler, les échanges de regards suffisent. Une fois la perfusion posée, le médecin orchestre les va-et-vient du personnel soignant. Nora, aide-soignante depuis plus de 20 ans, sait parfaitement ce qu’elle a à faire. Elle apporte les pansements qui vont permettre de lui envelopper le visage. Amélie a déjà commencé à badigeonner le visage de ce dernier avec une épaisse crème qui va réduire ses plaies. Le pansement est presque terminé. Du visage de Tomy, on ne voit plus que les yeux et la bouche. Il ressemble à une petite « momie ». Courageuse, la maman de Tomy aide le personnel soignant à calmer son enfant pour terminer le pansement dans les meilleures conditions. Tiphaine, l’autre médecin en poste au déchoc, a programmé des comptines sur son téléphone portable et le dépose près de l’oreille du petit Tomy. L’enfant se calme enfin en écoutant les chansons. Sylvie s’adresse à la maman : « on a fini, vous allez pouvoir vous allonger près de Tomy, ce sera plus rassurant pour lui… » Le calme revient dans la salle de déchoc. Dans quelques heures Tomy sera transféré dans un autre hôpital qui accueille précisément les enfants brûlés. Il faudra déterminer si les brûlures sont superficielles ou profondes…


« On travaille aux urgences pour l’adrénaline ! »

Mais pas le temps de souffler pour l’équipe du déchoc. Un homme de 40 ans amené par les pompiers est en arrêt cardiaque depuis presque une minute. Les pompiers se relaient déjà pour lui prodiguer des massages vigoureux sur la poitrine. Au déchoc, infirmiers et aides-soignants prennent le relais chacun leur tour. Très vite, le moniteur est formel : le cœur vient de repartir ! « C’est pour cela aussi que j’adore travailler aux urgences, s’exclame François, médecin urgentiste depuis 12 ans, c’est pour l’adrénaline, il ne faut pas s’en cacher ! Là, on se dit que ce patient, on lui a peut-être sauvé la vie, c’est énorme quand on rentre chez soi le soir non ? » En revanche, quand l’issue est fatale, il faut gérer les familles et ce n’est pas simple : « On ne nous apprend pas à la fac à annoncer un décès, donc on fait comme on peut, avec nos mots à nous », raconte encore François avant de repartir dans le « bureau déchoc » pour remplir le dossier administratif de son dernier patient.

Un homme de 65 ans vient d’arriver avec les pompiers. Ils sont allés le chercher dans la rue. Il était inanimé. Robert est SDF et il se plaint de fortes douleurs au ventre… « On a de plus en plus de SDF, explique Nora l’aide-soignante, il faut les recevoir comme les autres patients. Leur problème, c’est souvent l’hygiène. Donc on les lave, nous les aides-soignantes, on les rase, on les habille pour que les médecins puissent les examiner… Mais le plus souvent, ils n’ont pas de vraie pathologie, ils repartent dans la rue. On les aura au moins aidé à se sentir propres, c’est déjà ça… » soupire encore Nora. « Aux urgences, on reçoit tout le monde, on doit apporter des réponses à chacun, sans faire le tri et sans juger… » confirme Sébastien, ancien gendarme, aide-soignant aux urgences depuis près de 15 ans. « Les urgences, ça brasse énormément de gens », raconte Linda, une autre infirmière urgentiste. Et elle ajoute : « Tous les cas sont différents ! On peut avoir des accidentés de la route, des « polytraumatisés » qui nécessitent des soins immédiats, des patients qui font un début d’infarctus qui ne vont même pas passer par la case « déchoc » et qui vont aller directement en service de « coronarographie » pour se faire déboucher les artères… On a aussi des personnes âgées en fin de vie qui viennent des maisons de retraite, des paumés, des alcooliques ou bien des parents qui amènent leurs enfants parce qu’ils ont 38° de fièvre ! »


«Certains parents abusent, ils viennent toutes les semaines avec leurs enfants ! »

Thierry est agacé par ces parents qui viennent aux urgences, même quand il n’y a pas urgence ! « Evidemment, quand ils arrivent, ils n’ont pas d’argent à avancer comme chez le pédiatre, on prend leur enfant en charge quoi qu’il arrive, donc certains abusent et viennent toutes les semaines ! Forcément, pour moi, c’est du temps passé en moins sur les vraies urgences ! »

Mais le plus compliqué, pour lui, c’est de gérer l’impatience des familles ou même des patients : « Tant qu’ils n’auront pas compris qu’aux urgences, on n’est pas pris en charge dans l’ordre d’arrivée mais dans l’ordre de gravité, il y aura toujours des râleurs ! » Pour autant, les uns et les autres, aides-soignants comme infirmiers, n’imaginent pas quitter les urgences demain. Ils se voient encore dans ce service dans 10 ans. « Même si ça vous déglingue la vie privée, j’ai divorcé deux fois et j’ai pas mal de collègues dans mon cas, on aime ça, on a un sentiment fort d’être utile à quelque chose, alors on y retourne tous les jours avec plaisir ! » s’exclame encore Sylvie, infirmière aux urgences encore pour longtemps !

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