Pénurie d’infirmiers spécialisés (IBODE) dans les blocs opératoires : des mesures transitoires pour éviter les reports d’opérations à l’hôpital

Dans les hôpitaux, les inquiétudes sont nées, ces derniers mois, de l’application compliquée d’un décret de 2015 visant à professionnaliser davantage la fonction d’infirmière de bloc (IBODE). Un décret pris il y a 4 ans, mais applicable le 1er juillet 2019. Le texte exigeait en effet des infirmiers plus spécialisés (les « IBODE ») dans les blocs opératoires. Il prévoyait que ces derniers seraient désormais les seuls habilités, dès le 1er juillet 2019, à pratiquer trois actes essentiels d’assistance au chirurgien : écarter, aspirer (le sang, les sérosités…) et électrocoaguler (pour cautériser). Trois actes jusque-là réalisés par tous types d’infirmières, y compris les IDE.
Sous-effectif des IBODE dans les hôpitaux
Or, à ce jour, les IBODE ne sont que 5000 alors qu’il en faudrait 18500… Résultat : de nombreux blocs risquaient de fermer ou des interventions risquaient d’être annulées pour se conformer au fameux décret : sans les IBODE, pas question d’opérer !
Dérogations au décret de 2015 pour permettre aux infirmières IDE d’accomplir des actes normalement réservés aux infirmières IBODE au bloc opératoire
Face à ces inquiétudes, les pouvoirs publics ont finalement pris un nouveau décret pour éviter le blocage de la situation. Il dispose que, par dérogation, un infirmier non IBODE, pourra pratiquer ces trois actes et pose un cadre.
Les infirmiers (IDE) qui ont au moins deux ans d’expérience au bloc, avec pratique régulière de ces actes, ont jusqu’au 31 octobre 2019 pour déposer un dossier aux ARS ou aux DRJSCS. Ils devront passer devant un jury composé d’un représentant de l’Etat, d’un chirurgien et d’un IBODE collaborant avec les écoles d’IBODE. A l’issu de l’analyse du dossier et de l’entretien, il y aura trois possibilités : soit ils obtiendront une autorisation d’exercice de ces actes, soit ils devront suivre et valider une formation de 21 heures pour continuer à les pratiquer, soit il n’y aura pas d’autorisation du tout. La décision sera définitive et le droit de pratiquer ou non ces actes sans être titulaire du diplôme d’Etat d’Infirmier de bloc opératoire aussi.
Attention : toutes les personnes qui n’auront pas déposé leur dossier pendant cette période de 6 mois ou qui ne répondent pas aux critères exigés, n’obtiendront pas l’autorisation. Il n’y aura pas de dérogations délivrées ultérieurement. Concrètement, pour ces 3 actes (écarter, aspirer, électrocoaguler), seules les IDE qui auront validé leur dossier et les IBODE seront en mesure de les pratiquer.
En revanche, les autres actes dits « exclusifs » aux IBODE recensés par le décret de 2015 (installations en positions chirurgicales, pose de redons, gestes d’assistance chirurgicale…), restent réservés aux IBODE, sans dérogation possible pour les IDE.